Accessibilité et révolution

Dans mon quotidien, accessibilité et féminisme sont intimement entrelacées. À l’intersection, se trouve l’endométriose : maladie chronique invalidante, maladie de « femme »1.

J’ai le sentiment d’être venue au féminisme par le truchement de la maladie chronique et de l’accessibilité. En retour, mes lectures féministes enrichissent celles sur le handicap et le validisme et le tout nourrit ma pratique de l’accessibilité numérique2.

Comprendre la dimension politique d’un sujet de prime abord technique me paraît encore plus important aujourd’hui alors que de nouveaux acteurs semblent considérer l’accessibilité numérique avant tout comme un filon à exploiter.

Il s’agit peut-être d’un mal nécessaire et le signe que le sujet gagne du terrain. J’ai tout de même du mal à me réjouir de ce que je perçois comme une récupération superficielle et non un véritable engagement.

M’est revenue alors un fameux passage de King Kong Théorie de Virginie Despentes que j’ai eu envie d’adapter à l’accessibilité.

L’accessibilité est une révolution, pas un réaménagement des consignes marketing, pas une vague promotion de l’universalité ou de l’inclusion, il n’est pas seulement question de changer de regard sur le handicap. L’accessibilité est une aventure collective, pour les personnes handicapées, les malades chroniques, et pour les personnes valides. Une révolution, bien en marche. Une vision du monde, un choix. Il ne s’agit pas d’opposer les petits avantages des personnes handicapées aux petits acquis des personnes valides, mais bien de tout foutre en l'air.


  1. L’endométriose ne concerne bien entendu pas que les femmes cisgenres, mais c’est bien l’indifférence et le mépris envers le corps et des douleurs des femmes qui expliquent le retard conséquent dans la prise en charge de la maladie. ↩︎

  2. Je me concentre ici sur mon rapport entre le féminisme et l’accessibilité, mais les ponts entre les différentes luttes sont nombreux. Je suis convaincue que l’approche intersectionnelle est féconde sur le plan intellectuel et qu’elle ne peut que nous aider à mieux appréhender les rapports de pouvoir (et donc l’oppression exercée/subie) et à transformer notre société. ↩︎

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